Aya avait fait tout ce qu’elle pouvait lors de sa confrontation face à Voltage. Elle était plus habituée à lutter contre de simples criminels que de puissants vilains. Le combat fut si rude, elle avait donnée tout ce qu’elle pouvait pour éviter un drame, mais il eut tant de blessés et de morts qu’elle avait l’impression de n’avoir rien fait. Elle se retrouva là, surprise par une manifestation anti-spéciaux. Une foule de gens ivre de ressentiments, chantaient des phrases brutales qui la heurtaient. Honteuse, sachant que tout cela avait lien avec sa mésaventure de l’autre fois, la jeune femme se contenta d’avancer, tête baissée. Les gens étaient si prit dans leur colère, qu’ils ne faisaient pas attention à l’égyptienne qui passait au milieu d’eux. En même temps, qui la reconnaitrait sans son habit lumineux et tape à l’œil.

Elle aimerait dire quelque chose, ou faire quelque chose. Mais Anderson se doutait que quoi qu’elle fasse, cela ne ferait qu’envenimait la situation. Elle aimerait éviter cette foula, la contournait. Mais comme lors d’un déluge, les eaux tumultueuses inondaient tout. La jeune femme se retrouvait au cœur de cette marrée humaine haineuse. D’un côté, elle ne pouvait pas leur en vouloir. Ils n’étaient pas les faires valoir des supers héros en se faisant massacrer comme de vulgaire inconnus, des personnages plus que secondaire.

Le bruit l’alerta. La tension ne faisait que montée. Certains furent plus excité que des lions affamés à Rome. Ils s’en prenaient aux vitrines de boutiques pas assez prévoyante à l’arrivée de cette manifestation, des voitures garées là en faisaient aussi les frais. Bref, tout ce qui pouvait passer sous leurs mains pour expier leur colère y passait. Et il ne fallait pas attendre plus longtemps pour voir des gens se battre entre eux. Aya était choquée par un tel chaos, elle ne pouvait croire être responsable d’un tel événement. Soit, Voltage était le monstre responsable, mais quand vous avez perdus des proches dans un drame ou que vous en soyez vous-même victime, l’amalgame était logique.

Voyant deux personnes se frapper l’une et l’autre pour d’obscures raisons était bien insupportable. Surtout que dans leur luttes, de pauvres personnes se retrouvaient emporter, menacer d’être rouer de coups de pieds, écrasé dans le mouvement. La jeune femme se hâta finalement pour calmer la situation, courant vers les gladiateurs improvisés, tentant de les séparés de les calmer malgré sa force. "Mais arrêtez voyons ! Stop ! Vous allez vous entre tuer !" Mais ses appels et ses efforts furent vains. Sa présence n’y changeait pas grand-chose chose.

Phénomène étrange par contre, était de voir ce brouillard se levait autour de quelques personnes. Alors qu’il faisait un beau et doux temps, voila que quelques nuages transparent s’élevaient du sol et déconcentraient plusieurs furieux qui, à croire qu’ils étaient au final bourrés, préféraient s’en prendre à ces amas d’eau gazeux.

Aujourd’hui, Sue était d’excellente humeur. Voilà une semaine qu’elle avait trouvé un travail dans un supermarché et elle s’y sentait parfaitement bien. Il était dans le centre-ville, ce qui représentait une petite trotte depuis son appartement des bas-fonds, mais elle ne s’en plaignait pas ; son grand-père lui avait fait voir bien pire avec son fichu entraînement du matin.

Pour l’heure, elle était devant le magasin et profitait du beau temps en attendant des autres employés. La rue était calme, peut-être même un peu trop à son goût.

– Hé, Sue ! fit un homme qui arriva quelques minutes après elle. Prête pour une nouvelle journée de travail ?

– Bien sûr, monsieur Labordi ! répondit-elle à son patron en se mettant au garde-à-vous et en arborant un grand sourire.

Avec un petit rire, l’homme à l’allure débonnaire et aux cheveux grisonnants ouvrit son magasin et la laissa prendre ses quartiers. Ce qui surprenait le plus quand on le voyait pour la première fois n’était pas tellement la confiance qu’il plaçait envers quiconque lui semblait sympathique, ni même son énorme embonpoint, mais sa peau écailleuse et son triple-menton. Mutant parmi les mutants, il compensait sa petite taille par une langue et des réflexes qui rendraient jaloux n’importe quel caméléon.

Quelques minutes plus tard, Sue était sur le pied de guerre et en tenue. Il ne lui restait plus qu’à s’installer dans un coin et attendre que le magasin ouvre afin d’accueillir les clients, leur sourire et les renseigner puis déambuler dans les allées du magasin ; rien de très difficile pour quelqu’un comme elle, même si son uniforme était plutôt particulier – il faut dire qu’elle avait du mal à s’habituer à son costume de panda, la mascotte du magasin.

Au moins, ça faisait rire les gamins…

La voici qui accueille les premiers clients de la journée en leur remettant quelques prospectus qu’elle garde dans un petit panier d’osier. Au dehors, tout est calme et le ciel est bleu. Voilà une journée idéale ! Toute souriante sous son costume, elle se rend compte après une dizaine de minutes que les clients semblent un peu plus excités que d’ordinaire ; pire, certains passants accélèrent le pas, d’autres se mettent carrément à courir tandis que des clameurs se font entendre au loin avant de se rapprocher de plus en plus.

La jeune femme se rua vers le téléphone le plus proche et hurla de baisser les grilles du magasin le plus rapidement possible mais il elle sut qu’il était déjà trop tard lorsqu’un homme entra en courant, deux poursuivants sur les talons. Complètement paniqué, il ignora totalement Sue et se rua dans les rayons.

Sue agrippa fermement les agresseurs par les bras et les incita à ralentir.

– Une minute, vous deux ! s’exclama t-elle avant d’esquiver un coup de poing

La jeune femme gifla son agresseur si brusquement qu’il chancela sans avoir eu le temps de réagir.

Son comparse l’aide à se redresser. Une main sur la joue et des éclairs dans les yeux, il toisa le drôle d’énergumène en costume de panda.

– Toi, l’espèce protégée, tu ne perds rien pour attendre ! hurla t-il.

Un premier coup de pied frôla son nez. Un second reçu en plein dans les parties intimes le dissuada de répliquer. Il s’était écoulé moins de deux secondes avant que l’homme ne soit de nouveau à terre. Son comparse, qui s’était placé en position de défense, faisait face à la jeune femme.

– T’es sûr de toi ? lui demanda Sue.

En guise de réponse, l’homme prit ses jambes à son cou vers l’extérieur du magasin.

Sue songea à le poursuivre mais un rapide coup d’œil vers son patron qui venait d’arriver l’en dissuada. Elle pesta ; pourquoi les gens avaient-ils tendance à être aussi stupides ?

Autour d’eux, quelques clients et les autres employés du magasin se rassemblaient.

– Tout va bien ? lui demanda son patron.

– ça va… Ils n’a rien de cassé, c’est déjà ça. Enfin, je crois…

– Je parlais pas de lui mais de toi. Bref… Jim ! Ferme le rideau, vite !

Jim, l’un des autres employés, se rua vers les vitrines avant que d’autres pilleurs n’aient la mauvaise idée de venir mais de grands coups se firent entendre contre la vitre.
Au dehors, cela n’empêchait pas certains émeutiers de vouloir fracasser tout ce qu’ils voyaient. Mais ça, c’était avant qu’un étrange brouillard n’apparaisse et que les clameurs du dehors s’intensifient encore un peu plus.

Un grand bruit accompagna le chute de la vitrine qui s’était brisée sous les coups répétés de plusieurs fous furieux. Sue, qui venait de retirer la tête de son costume, n’en menait pas large. Maîtriser un ou deux abrutis, ok… Mais tout un régiment ?

Le chaos régnait. La foule était déchainée. On cassait, on piétinait. Aya se retrouvait au milieu de toute cette cohue à tenter malgré tout de calmer les choses, mais rien à faire. Il était tenter de se changer pour user de ses pouvoirs. Mais comme la principale source d’alimentation de cette haine était les supers héros, en voir un au milieu d’eux n’arrangerait rien. Aya devait essayer d’agir comme une simple humaine, une femme lambda. Mais comment faire quand les gens n’avaient que la rage au ventre et restaient sourd à tout ce que vous pouviez leur dire ?

Pour preuve que tout cela, une super héroïne débarqua devant les manifestants en colère. L’égyptienne crue reconnaitre une des gemmes, un groupe de supers héros. Cela risquait d’attiser la colère, mais la jeune femme était bien plus occupée que de se soucier de l’héroïne. Elle saura se défendre de toute façon non ?

Anderson arriva à extirper une personne qui se faisait piétiner dans l’indifférence générale. Elle attrapa son bras pour l’aider à se relever. Le pauvre homme, il était complétement perdu et devait être blesser.

"On doit vous conduire aux urgences !"

Il devait à peine l’entendre avec ces clameurs, ses slogans chantés en boucle. Il était paumé, regardant autour de lui comme s’il cherchait à comprendre où il était. Aya le guida le plus possible vers l’extrémité de la manifestation afin de le mettre dans un endroit plus en sécurité et pourquoi pas, tomber sur une ambulance qui voudra bien le prendre en charge. Tout cela lui rappelait de bien cruelles souvenirs. La flamme ayant fait exploser cette cocotte-minute.
Son combat contre Voltage fut la goutte d’eau. Aurait-elle put faire mieux ? Aurait-elle dût faire d’autres choix ? Elle l’ignorait, en tout cas elle éprouvait une profonde culpabilité car malgré tous ses pouvoirs, elle n’a put sauver tout le monde. On pouvait reprocher du fait que malgré que la rue se soit transformer en zone de guerre, on y trouvait encore des gens peu malin qui y restaient au lieu de fuir dès le début.  Peu importe, Aya s’était investie d’une mission et elle avait le sentiment d’y avoir échouer.

Elle se consola un peu tout de même, se disant qu’elle a put donner quelques coups au super criminel. Si elle ne l’avait pas fait, aurait-il continuer encore et fait plus de victime ? Voila un large débats qui conduisait à ce genre d’événement justement. En tout cas, la température semblait bien changer, devenir lourde. Sans doute l'émotion électrique du moment, cette foule rassemblée.

C’était un cauchemar ! Un véritable cauchemar ! Jim n’avait pas eu le temps de fermer complètement le rideau que des émeutiers avaient presque réussi à s’infiltrer – ils furent vite stoppés par le vigile qui les incita à vite se retirer à grands coups de pieds. Cela ne dura toutefois pas longtemps car certains, plus déterminés, parvinrent à dégager suffisamment d’espace pour passer une jambe. L’employé ne se fit pas prier pour revenir à toute allure vers son patron.

Sue se mit à réfléchir à toute vitesse. Que lui avait-on enseigné si pareil cas de figure se produisait ? Mais elle avait beau fouiller dans sa mémoire, il n’y avait pas grand-chose de bien ressemblant à part une hypothétique invasion de zombies survitaminés. Et encore, elle avait soupçonné son oncle d’être complètement ivre quand il lui avait parlé de ça – à moins qu’il ne s’agisse d’une blague pour Halloween ?

Réfléchis, réfléchis, réfléchis…

Sue observa les alentours et lâcha son panier. Comme si le temps avait considérablement ralenti autour d’elle, elle remarqua que les assaillants commençaient à entrer. Jim la dépassa ; son odeur de camomille mêlée à la transpiration et au stress embaumait l’air. A grand renfort de détails, la jeune femme avait une vision d’ensemble de tout ce qui l’entourait. Et puis, tout s’accéléra.

– Jim ! Code blanc, ouvre la voie ! Monsieur Labordi, suivez-le ! Mais d’abord…

Sue  repéra l’homme qui avait pénétré le magasin complètement paniqué. Il ne s’était pas vraiment calmé, même si une autre employée s’était chargé de le rassurer. Derrière elle, son employé la regarda sous un tout autre jour. Il ne releva pas son initiative, qui était de toute façon bienvenue, et se contenta de suivre le protocole qu’ils avaient mis en place. Un autre employé se rua vers le téléphone pour annoncer la mise en place d’une évacuation d’urgence.

– Jen’, viens aussi. Ça vaut pour tout le monde, en fait. Sinon, trouvez un coin où vous cacher et barricadez-vous, sinon vous risquez de passer un sale quart d’heure avec les abrutis qu’il y a dehors.

La dénommée Jen’, une jeune blondinette de son âge, se releva brusquement et la suivit docilement.

– Vous… Quel est votre nom, au juste ? demanda t-elle au rescapé. Allez, on bouge ! pressa t-elle.

– Je suis Adam, lui répondit-il. Je marchais tranquillement au dehors quand j’ai vu la… La foule. Ils m’ont vu et ont essayé de me choper par la queue... J’ai paniqué.

– Logique, répliqua Sue sans parvenir à s’empêcher de répondre.

Attends.. La queue ? Il est vrai que, dans le feu de l’action, elle n’avait pas vu la petite queue écailleuse et fourchue qu’il arborait.

– Venez avec moi et donnez-moi quelques détails.

Tout en parlant, elle continua d’observer autour d’elle. Elle détestait rester les mains nues dans une situation pareille.