L’adolescent avait pris ses jumelles. Il notait tout ce qu’il pouvait savoir sur son auteur favori. Les endroits où celui-ci allait, ce qu’il mangeait, tout son quotidien. Le collégien ne savait pas où le mangaka puisait toutes ses idées. Oh, il aurait bien aimé le lui demander. Il avait tenté. Mais force était de constater que cet homme l’intimidait. Le fan l’admirait tellement qu’il le pensait inaccessible. Et peut-être bien que c’était effectivement le cas.
Afin d’éviter une quelconque interaction négative, il le suivait, à distance. Oh non, il n’envoyait aucune information sur les réseaux sociaux. Rien ne sortait de ce qu’il voyait de ses propres yeux. Enfin, tout ce qu’il voyait, il le notait sur son petit carnet.
Il y en avait des choses sur son mangaka. Les quelques collations qu’il pouvait avoir, les repas,… Il pourrait obtenir beaucoup plus. Néanmoins, le collège était fait pour qu’il puisse apprendre toutes sortes de choses. Et s’il s’amusait à sécher des cours, il imaginait mal comment il allait expliquer la situation à sa mère. Elle était loin d’être commode sur ce point-là.
Il regarda sa montre. Il sursauta. L’heure avait filé à une vitesse ! Il n’avait pas fait attention. Il rangea ses affaires en vitesse et parti d’un pas rapide. Il ne devait surtout pas être en retard ! Sa mère allait rentrer d’une minute à l’autre aujourd’hui.
En une dizaine de minutes, il arriva à son appartement. Lorsqu’il ouvrit la porte, il vit les bagages de sa mère dans le salon. Un bruit d’eau provenait de la salle de bain. Celle-ci devait être en train de se démaquiller. Il essaya d’être le plus discret possible, ferma la porte le plus silencieusement et s’asseya sur le canapé. Sa mère sortit quelques secondes après de la salle de bain, surprise de le voir ici.


Le jeune garçon se mordillait les lèvres. Il savait que sa mère aimait savoir où celui-ci se trouvait et particulièrement lorsqu'elle travaillait. La blonde n’avait pas encore ôté ses habits de vol. Néanmoins, toute trace de maquillage était absente de son visage. Avant que le jeune collégien ne puisse répondre à sa mère, un bruit se fit. On avait toqué à la porte.


Le garçon aux cheveux bruns secoua la tête de droite à gauche. Il n'avait pas donné son adresse à ses amis. Le garçon de douze ans avait quelque peu honte d'habiter dans cet appartement.

Mathilde alla ouvrir. Elle fut surprise de voir un jeune homme qu'elle ne connaissait ni d'Adam, ni d'Eve. Le jeune homme n'avait rien de ce qu'elle attendait. Ce n'était ni madame Ford, ni un des voisins qu'elle connaissait. Ni même un possible ami de son fils. Un peu trop vieux. Par ailleurs, il ne ressemblait pas non plus à un facteur ou un livreur.

Spoiler:

Le monde de Mathilde s’écroule. Elle a l’impression d’être tombée à côté de la plaque. Son fils serait-il devenu un de ces illuminés qui stalkent une victime ?
Elle tombe des nues. Comment son petit garçon a-t-il pu suivre un homme de surcroît depuis… Depuis combien de temps déjà ?
L’hôtesse de l’air essaye de comprendre et d’assembler toutes les pièces qui lui sont données. Premièrement, son fils semble vouloir “étudier” un être humain. Dans un second temps, elle apprend que cet homme a installé une caméra, ce qui signifie que ce manège dure depuis un moment. Quelques jours ou quelques semaines ? Peut-être même plusieurs mois ?
La quarantenaire a envie de disparaître. Dans un grand trou. Non, plutôt un petit trou où personne ne pourra plus jamais la trouver. Que son fils puisse obtenir de mauvaises notes passe encore. Mais suivre des personnes comme cela dans la rue.


Elle ne saurait ajouter autre chose. Elle voudrait dire quelque chose mais rien de ce qui semble en sortir aurait pu être intelligible et intéressant. Soudainement, elle semble se souvenir d’une chose, c’est son garçon qui a agit, pas elle.


L’adolescent de douze ans semblait s’être rappetissé. Il ne dit rien mais le rouge lui monte aux joues. Il tord ses mains dans tous les sens, ne sachant que faire. Finalement, il avance, sans doute se sait-il coincé. Il ne peut s’enfuir de l’appartement, ni du regard de sa mère.
Il voudrait au moins changer de tête. Mais ça ne marchait pas comme cela. Timidement, il fit un signe de main à son idole, non sans cacher sa gêne.



Voyant sa mère le regarder avec insistance, il sut qu’il n’avait pas d’autres choix que de s’expliquer. Il essayait de trouver les mots, au point qu'il se sentait tout rouge. En effet, on pouvait voir ses joues rougir.


Entendre les paroles de son enfant ça rendait quelque peu confuse. En général, lors d'évènements étranges la blonde arrivait à s'en sortir sans trop de mal. Néanmoins, en ce qui concernait son fils, c'était une autre histoire. L'espagnole ne comprenait pas tout ce que signifiait toutes ces paroles prononcées.

« Oh super ! » s’exclama alors l’adolescent.

L’enfant a des yeux remplis d’admiration. La mère, elle ne sait que faire ou que dire de plus. Mais elle décide finalement de laisser son fils aborder son auteur favori. Cela fait depuis si longtemps qu’elle n’a pas vu son fils sourire comme ça qu’elle veut bien lui accorder un moment. Mais après la sortie de cet invité, elle ira tenir s’expliquer avec sa progéniture. On ne suit pas des quasi inconnus dans la rue. Que se serait-il passé si cet inconnu était dangereux ? Ou s’il avait été d’une tout autre humeur ? Oui, il allait falloir qu’elle endosse le rôle de maman méchante. Elle qui souhaitait juste se reposer après ces escales. Voilà qu’elle allait devoir endosser la casquette de l’adulte qui sermonne son gosse. Elle détestait ces discussions. C’était beaucoup plus facile lorsqu’elle avait son compagnon avec elle. Jongler entre le travail, les dettes et l’éducation de son enfant c’était un peu trop à son goût. Surtout que l’enfant grandissait de plus en plus et risquait de s’attirer de plus en plus de problèmes s’il agissait de la même manière.
Bon, elle allait devoir s’atteler pour l’instant à son travail d’hôtesse de maison. L'hôtesse de l'air fit rentrer le jeune auteur dans le salon et lui montra le canapé. La blonde pensa que proposer à boire ne serait pas de trop.

« Vous voulez boire quelque chose,  je présume. J’ai des jus de fruit et quelques boissons gazeuses.» dit-elle au mangaka.

Elle aurait bien aimé lui proposer de l’alcool. Néanmoins, rien ne pouvait clairement indiquer qu’il aurait pu en boire une goutte. Par ailleurs, elle préférait largement ne pas en avoir. Des fois que son fils voudrait essayer juste pour voir ou se faire mousser devant ses copains. Mathilde avait de la chance, son fils était encore jeune, il pouvait facilement se faire recaler par les vendeurs.

« Comment faites-vous pour élaborer tout votre scénario ? Et comment en êtes-vous venu à faire de tels dessins ? » questionna le jeune garçon à son artiste préféré.
Deux questions quelques peu différentes mais qui semblaient tenir à cœur le garçon. Ce qui l’importait c’était de voir tout le côté pratique.
D’un côté, le jeune garçon pétillait de joie. De l’autre côté sa mère, quelque peu désabusée, tentait de s’accommoder de la situation. L’espagnole tentait de mettre à l’aise tout le monde.

«Désolée si vous vous sentez quelque peu floué mais de quoi parlent de vos ouvrages ? Mon fils ne m'a jamais parlé de cette passion dévorante qu'il avait.» lui demanda la mère en mettant les boissons sur la petite table basse.